Nos animaux
Les seuls animaux qui aient réellement droit de cité chez nous sont les chiens, de chasse évidemment. Il y en a eu beaucoup. Certains que je n’ai pas connus, mais dont j’ai souvent entendu les noms prononcés en famille… C’était Flip, c’était Tom, ou encore Dolly. Le premier a fini sous les roues d’un autobus. Voici ce qu’en dit Éliane … « Flip est le chien mort tué par un car sur la route de Rouillac. Car qui passait là une fois tous les...rarement. Je revois grand-père qui l'avait emmené à la chasse, assis dans le fauteuil de la petite salle à manger, écroulé. Ce fut la dernière fois qu'il alla à la chasse. Le chien avait traversé la route où passait si rarement un véhicule, en poursuivant un lièvre, je crois, ou un lapin. ».
Le deuxième, Tom, était un très grand chien qui accompagnait ma sœur jusqu’à son école, et la raccompagnait à la fin des classes. Un jour il disparut, sans qu’on sache très bien ce qui s’était passé…
Dans mon souvenir le plus ancien nous avons deux chiens, chiens courants tous les deux, mais très différents. Taïaut (assis, au fond), plus ou moins foxhound croisé de je ne sais pas trop quoi, et Poune (au premier plan) dont les géniteurs avaient dû avoir des griffons dans leur ascendance lointaine… Bref de beaux corniauds, mais qui pour papa qui n’a pas les moyens de posséder
autre chose, «font l’affaire » !
Je ne me souviens plus s’ils faisaient tellement l’affaire à la chasse (j’ai un doute), mais c’était d’adorables bêtes, qui supportaient sans broncher toutes les vilénies que je pouvais leur faire subir quand j’avais quatre ou cinq ans.
Comme Flip, Poune eut une fin tragique. Échappée du parc par la petite porte qu’un client avait laissé ouverte, elle avait été écrasée par une voiture. Ramenée « les reins brisés » dans une brouette, elle avait été déposée au sol dans le jardin. Quand elle avait entendu la voix de maman, elle s’était redressée sur ses pattes avant et avait poussé un cri déchirant. Ma sœur, présente, en est encore toute retournée quand elle évoque la scène…
Puis il y eut un bel épagneul français, dont j’ai oublié le nom mais qui, assez décevant à la chasse, fut donné un beau jour.
Et enfin il y eut Fanny, petite chienne épagneul breton. Affectueuse et d’une rare efficacité dans l’arrêt des cailles perdreaux et faisans, elle fut pour papa la chienne de référence. Quand elle disparut, de vieillesse il me semble, il en éprouva un réel chagrin.
Papa n’aime pas trop les chats. Ils sont, selon lui, opportunistes et fourbes. Mais comme il est le seul à penser cela dans la famille, il les tolère et accepte qu’il y en ait à la maison. C’est ainsi que nous en eûmes quelques-uns, dont je me souviens en général très peu, sauf Minouche, un gros matou jaune à rayures, dont on évoquait souvent les facéties quand j’étais petit. Son plus haut fait d’armes ? Le voici. Il avait l’habitude de dormir sur les épaules de ma grand-mère Poulat, et celle-ci était très fière de l’affection que lui manifestait le chat. Jusqu’au jour où, à table en train de jouer à la belote, elle ne prêta pas garde à ce que Minouche manigançait. Celui-ci se leva, fit le dos rond, et toujours en équilibre sur les épaules de la mémé, la queue bien droit levée, il lui pissa avec beaucoup de précision dans le creux de l’oreille… Mis à part ce gag, c’était un bon gros chat très câlin, que tout le monde pleura (maman surtout) quand il mourut.
Un siamois aussi, qui acquit ses lettres de noblesse pour être passé