Les Gens
    
        Les Amis
    
        À Sigogne, les parents sont très liés à deux couples qui se substituent, peut-être par défaut, aux amis et familles absents en Bretagne et en Savoie. 
On se voit souvent, on se rend mutuellement visite, on partage de grands repas le dimanche à midi, après lesquels se disputent de longues parties de belote… Exceptionnellement on fait une grande sortie en voiture, à la mer du côté de Royan, ou pour une visite en Dordogne. Tout ceci n’est ni très riche, ni très varié, mais cela forme un univers qui donne sa cohérence à l’existence de l’enfant que je suis et la rythme, univers dans lequel je trouve bien sûr une place privilégiée, puisque je suis le plus jeune de tous les enfants de ce cercle. Comme pour tous les gens du village qui apprécient mes parents, je suis pour madame Delage comme pour Madame Chéneby, «mon p’tit Michel».
    
        Voici l’une des photos qui me sont les plus chères parmi toutes celles qui illustrent cette pé
riode de ma vie. 
 
    
        Vu ma taille, elle est vraisemblablement prise en 1947 au sortir d’un repas dominical à La Coquillerie. Nous sommes en été, il fait calme et bon à l’ombre de l’énorme marronnier qui trône dans la cour (coupé depuis).
    
        Un détail amusant est à signaler sur cette photo… Regardez bien la position de Monsieur Delage(le plus à droite) par rapport aux autres personnes également debout. Il s’est placé à un bon mètre cinquante devant les autres, ce qui lui permet de paraître aussi grand. C’est une parfaite illusion. En réalité, Monsieur Delage est petit, vraiment petit. 
            Quand bien plus tard il achètera une 2CV, le village entier se moquera de lui à son passage, car on a l’impression qu’il n’y a personne au volant… Il n’eut jamais d’accident cependant, ce qui ne cesse de m’étonner aujourd’hui encore !