FAMILLE  GOUBIN - POULAT                                                             
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MA VIE À SIGOGNE - 35
devant lui. Papa lui prête 100.000 francs (anciens francs, environ 150€. Ça ne représente que peu d’argent en 2017, mais dans les années cinquante, c’est une assez grosse somme.), remboursable en deux fois.
Et quand Paul vient rembourser, papa annule les intérêts du prêt… Et quand il parle de ça, il a les yeux aussi brillants que les nôtres…
- Il est dans le jardin (de Mme Chéneby), avec Georges, chacun occupé à sa tâche. Georges avait mangé beaucoup d’oignons. Georges : « C’est bon, mais ça fait péter ! », Paul : «Ben couillon, c’est comme ça, les oignons ça fait péter tout le monde tu sais !»
Justement quand Paul rentre chez lui et descend dans le petit chemin qui longe le jardin, Georges en aligne un, terrible. «C’est-y qu’tu m’tires dessus ?» demande Paul. -«Tu m’as entendu » demande mon frère -«Tu parles si je t’ai entendu ! » répond Paul en rigolant.
C’est là le dernier échange que Paul aura avec mon frère, qui mourra le lendemain.







Yvette Brothier (L)
Yvette Brothier (Bonnaud de son nom de jeune fille) est mariée à Paul Brothier, ouvrier maçon  …..
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…..  ils ont deux enfants, Bernard qui a à peu près le même âge que moi et avec lequel je suis très copain, et Madeleine, un peu plus jeune, qui ne partage jamais nos jeux. Il faut préciser qu’à l’époque, filles et garçons sont scolarisés dans des écoles distinctes, ce qui conduit le plus souvent à ce qu’ils n’ont que rarement des activités communes.
Les Brothier vivent dans une petite maison mitoyenne du parc, et sont souvent en conflit avec papa, exaspéré par les aboiements de leurs chiens, toujours à l’attache…
Yvette, alors qu’elle était encore jeune fille était « bonne » (le terme a aujourd’hui une connotation péjorative, mais c’est le mot qui est communément utilisé à l’époque quand on évoque une femme de ménage) à la maison à ma naissance. C’est donc très naturellement qu’elle s’est occupée du bébé que j’étais, ce qui lui permettra de me rappeler à chaque fois que je la vois et jusqu’à sa mort, qu’elle «avait changé mes langes»... Mais de cette époque très lointaine je n’ai naturellement pas de souvenirs, d’autant qu’une fois mariée elle a cessé de travailler régulièrement pour nous.
En réalité, je ne retrouverai vraiment Yvette que des années plus tard, lorsque papa, très affaibli par son cancer de la prostate en phase terminale, exigera de revenir à Sigogne passer ses dernières semaines de vie. C’était à la fin de l’été 1984. Ma sœur et moi nous l’avons donc conduit de Bretagne jusqu’en Charente, et à sa demande expresse, nous sommes allés demander à Yvette, déjà très âgée, si elle voulait bien accepter de s’occuper
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