Le jeu de billes le plus acharné consiste à «dégommer» pour les gagner, celles des autres joueurs. On peut y parvenir en donnant une impulsion de l’index ou du majeur, d’abord retenu contre le bout du pouce avant d’être libéré, mais la technique des meilleurs consiste à la propulser grâce au pouce replié contre la bille logée dans l’index replié.  Cette technique est spectaculaire quand elle est maîtrisée (il arrive même que les marbres se cassent en deux sous les impacts), et assure une incontestable aura à ceux qui la maîtrise ! À ce jeu je suis généralement assez mauvais, et perd régulièrement mes billes, que je peux toutefois racheter aux gagnants contre quelques menues monnaies… Heureusement les prix pratiqués sur ces billes d’occasion sont très bas, à l’image du niveau d’économies dont je peux disposer ! 
    
        Parfois, au début de l’été surtout, nous aménageons une sorte de piste en boucle dans le sable et la poussière de la petite place, piste qui comporte un certain nombre de virages relevés ou en devers, mais aussi des obstacles qu’il faut contourner sous peine de pénalités. Et sur ce circuit nous plaçons des figurines «de plomb» des coureurs cyclistes célèbres à l’époque, que nous déplaçons au gré de l’avance de nos propres billes. Nous appelons ça, jouer au Tour de France. 
Avant de démarrer le jeu, chaque participant doit miser un nombre de billes, le même pour tous. Le but étant bien sûr de faire passer en premier la ligne d’arrivée à son champion. Dans les lignes droites il faut lancer la bille très loin, ou au contraire négocier avec prudence et habileté les virages en devers, ou le contournement des obstacles, car dès qu’une bille sort de la piste, elle doit retourner à son point de départ, et attendre à nouveau avant d’être rejouée. 
Le gagnant reçoit la plus grosse part des mises, le deuxième empochant les miettes qui restent !
    
        Les bornes
De grosses bornes entourent les deux places. Ici, sur ce détail d’une carte postale ancienne, on voit celles de la «grande place».