Le 11 novembre
Les cérémonies sont rares à Sigogne… Aussi celle du 11 novembre marque-t-elle fortement les esprits, le mien surtout ! 
Elle a lieu tous les ans, selon un protocole qui paraît devoir être éternel. Sur la route de Jarnac à Rouillac, face au monument pour les officiels, c’est-à-dire principalement le maire et son conseil municipal auquel s’est joint le garde-champêtre. Sur le côté, devant la boulangerie Chollet, se tiennent sagement les enfants des écoles accompagnés par leurs directeurs respectifs, Monsieur Blanc pour les garçons, Mme Delage pour les filles... En face des écoliers, de l’autre côté du monument se tiennent les pompiers et les anciens combattants, ceux-ci arborant quelques bannières. L’instant est réellement solennel… 
Je ne sais plus dans quel ordre se déroulaient les différents temps forts de la cérémonie, mais je me souviens de chacun d’eux. Cela commençait par un bref discours du maire qui, accompagné par l’un ou l’autre des invités, déposait ensuite une gerbe de fleurs au pied de la stèle. 
Après quoi venait l’appel solennel des morts : à chaque nom prononcé une voix répondait en écho «Mort pour la France».
Lorsque l’appel était terminé, l’un des pompiers jouait au clairon «La sonnerie aux morts». Ce n’était pas fameusement interprété, mais personne dans les rangs des écoliers ne se serait avisé de se pousser du coude ou de ricaner en douce tellement c’était impressionnant. 
Et la cérémonie se poursuivait par la minute de silence, et s’achevait par l’intervention des enfants qui, sous la conduite de Monsieur Blanc entonnaient à plein poumons «La Marseillaise». Lorsque tout était terminé, les anciens combattants enroulaient leurs bannières, certains échangeaient encore quelques propos, mais il était près de midi et la plupart des gens présents s’éloignaient vers leurs domiciles respectifs. Monsieur Blanc nous rendait notre liberté, et nous rentrions à la maison nous aussi, le cœur plein d’une fierté réelle d’avoir été associé à ce moment de la vie de notre commune.