L’école
    
        Point d’école maternelle à cette époque, du moins dans les villages comme le nôtre. Mais j’intègre les petites classes de l’école primaire de garçons en 1950, à cinq ans donc. Il est vrai que grâce à la férule de ma grand-mère maternelle, je sais déjà lire…
Après avoir occupé les bâtiments de l’actuelle mairie, l’école publique des garçons est transférée sur la route de Jarnac, dans une très jolie maison, jadis propriété de la famille Mocquet, dont l’ancien parc sert de cour de récréation. Il y a là des essences qu’on ne trouve pas habituellement à Sigogne, en particulier un plaqueminier qui donnent à la saison des centaines de magnifiques fruits rouge-tomate… que personne n’a l’idée de ramasser ! (Depuis, une extension en préfabriqué a conduit à abattre la plupart de ces arbres rares, et les lieux, par ce nouveau bâtiment, s’en trouvent doublement défigurés…). Dans cette cour, voisinent les toilettes de l’école («les cabinets») et un grand préau, où trône une  corde à grimper, seul accessoire dont disposent les instituteurs pour nous enseigner la gymnastique ! De toutes façons, nous n’avons pas vraiment besoin d’activités physiques scolaires, tant nous nous dépensons pendant les récréations, en jouant à «saute-moutons», au «gendarme et au voleur», à la «balle au prisonnier», ou encore à «touche-touche». À tout moment le jeu peut être interrompu par celui qui, levant le pouce, crie «pouce», ou «go». Pourquoi ce «go»? Plus tard, je découvrirai que ce mot était plutôt inattendu pour l’utilisation qu’on en faisait, mais «go», c’était «go», et tant que le pouce était levé, le temps d’une réclamation pour tricherie avérée ou pour une précision nécessaire au déroulement du jeu, tout s’arrêtait, un point c’est tout. 
 
    
        Pour l’enseignement, les enfants sont répartis en deux salles de classe, les «petits» à gauche, les «grands», à droite. À l’étage se trouvent les appartements de fonction des instituteurs. Seul celui qui est situé au-dessus de la salle de classe des petits est occupé, car l’autre est celui du directeur, Monsieur Blanc, qui habite en