peloton de ficelle dans ses poches !) et glissé dans une jambe de son pantalon… (le même procédé fut employé bien plus tard, à Querrien, par mon frère Georges chargé de ramener jusqu’à la maison  un saumon de quatre kilos, pris en douce par papa alors qu’il pêchait à la truite!)
    
        Maître Lozé
Maître Lozé et Madame, (plantureuse femme serrée dans d’improbables corsets et toujours affublée de chapeaux à voilette, un renard mité sur les épaules) étaient un couple qui ne passait pas inaperçu dans les rues de Sigogne. Papa évoquait toujours les personnages de Dubout pour les dépeindre (c’était exactement ça!). Ils habitaient une autre demeure de la commune (une des rares maisons couvertes d’ardoises, ce qui à l’époque, passait presque chez les «bonnes gens» du village, pour une excentricité, elle avait été avant Me Lozé la maison du notaire précédent, Me Viaud…)
À Sigogne, tout le monde appelait Maître Lozé «Beau Citron», tant sa ressemblance avec l’acteur Snub Pollard était frappante… Et lorsqu’il eut un filleul (Michel Delage, le plus jeune enfant de Georges et Madeleine Delage de La Coquillerie), celui-ci reçut tout naturellement dans le village le sobriquet de «Citron»! 
Papa racontait qu’un jour, Lozé descendant les marches du Palais de Justice en sa compagnie, avait sorti de sa poche, à la place du mouchoir escompté, une culotte de femme…
Un autre jour, chez les Delage, Madame Lozé avait estomaqué le cercle d’amis présents, en extirpant de ses épaisseurs lingères une peau de lapin qu’elle affirma porter toujours sur elle, expliquant ainsi à la cantonade pourquoi elle n’attrapait jamais de rhume!
 
    
        
 
    
        Les murs du clos.
Le clos (un hectare de vigne et d’arbres fruitiers) est entièrement ceint de hauts murs sur trois côtés. Régulièrement des pans s’effondrent, et c’est à chaque fois la même mauvaise surprise quand un nouveau trou apparaît. Je me souviens d’une fois en particulier, car la date n’était pas banale… Un matin de 1er janvier (1958 ?), c’est au moment où papa a ouvert les volets de sa chambre, qu’il a aperçu qu’une dizaine de mètres s’étaient effondrés pendant la nuit… Une année qui démarrait sous les meilleurs auspices quoi !
    
        Nos bois à Sigogne
En dehors d’une terre du côté de Foussignac («La chaume à Pangaud», dont la propriété n’avait selon l’avis de papa, aucune légitimité(!)), nous possédions deux parcelles dans les «Bois Matons». Essentiellement plantés de chênes, ils étaient censés à l’origine assurer l’autonomie de la maison en bois de chauffage. Dans la réalité ces bois servaient surtout à l’usage de ceux qui… venaient s’y servir ! Papa payait bien Monsieur Morellet  de temps à autre pour nous faire des coupes, mais c’était mal fait, ou pas fait, ou fait hors des périodes normales, et rares étaient les cordes de bois à arriver jusqu’à la maison !
Quand l’étude a été vendue, en 1960 ou 61 il me semble, papa a gardé ces bois, pour lui permettre de conserver un droit de chasse dans la commune.
Quand il est tombé malade et qu’il a compris qu’il ne chasserait jamais plus, il a donné ces bois à Paul Boisnier, d’abord seulement leur usufruit, puis la totale propriété. Aujourd’hui que Paul Boisnier est également décédé, j’ignore totalement ce que sont devenus ces bois…