FAMILLE  GOUBIN - POULAT                                                             
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MA VIE À SIGOGNE - 61
Le faux-grenier
Dans le faux-grenier au-dessus du chai près de la cuisine, traîne à l’abandon une très ancienne et belle «lanterne magique» semblable à celle-ci, accompagnée d’une boîte de vues sur plaques de verre, l’ensemble sans doute laissé là par les Gianotti, et que papa ne jugera pas utile de déménager quand il quittera Sigogne pour la Bretagne en 1961…
Ce sera d’ailleurs loin d’être le seul exemple de ce qui sera abandonné à Sigogne, ce qui lui vaudra par la suite des litanies de reproches !…

Les toilettes à La Coquillerie
«Les cabinets» chez les Delage sont intéressants, puisqu’ils sont «multi-places». Ils forment un L. Sur le plus grand côté, il y a trois ouvertures ad-hoc. Sur le petit côté, à trente centimètres du sol pas plus, deux autres ouvertures, de circonférences réduites, sont là pour les enfants. Cinq places en tout, ce qui peut laisser supposer qu’il paraissait alors naturel de satisfaire ses besoins… en compagnie. Je n’y ai personnellement jamais vu plusieurs personnes à la fois, mais il est évident que cela devait arriver régulièrement. On y accède depuis l’intérieur (la cuisine), ou par l’extérieur (double porte vitrée).
Les sièges sont au-dessus d’une fosse assez profonde creusée dans le calcaire, qui n’est , à ma connaissance, jamais vidée.
Les toilettes, chez Madame Chéneby
Chez Madame Chéneby les cabinets sont, là aussi, au fond du jardin (bien qu’ils ne servent plus depuis longtemps à cet usage, le cabanon est toujours en place). Comme chez les Delage, ils s’ouvrent sur une fosse creusée dans le sol.
Différences par rapport aux nôtres: le papier toilette, ou plutôt ce qui en fait office. Madame Chénéby déchire en deux les pages de «La Semaine Radiophonique», et les feuillets sont retenus par un clou, enfoncé dans les montants de la porte. Mais que ce soit «La Charente Libre» chez nous, ou «La Semaine radio» chez «Mémère», les deux sont également désagréables à l’usage!
En face du siège, il y a des étagères, sur lesquelles demeurent quelques fournitures pour la peinture que Monsieur Chénéby utilisait, et qui sont restées là après sa mort. Il y a quelques fioles de siccatif, d’essence térébenthine, des tubes de couleur aux trois quarts utilisés, aplatis, durcis par le temps, mais sur lequel on peut encore deviner quelques noms de couleurs « blanc de zinc » « bleu outremer »…. Deux ou trois pinceaux, aux poils en voie d’être totalement dévorés par quelque insecte ravageur, gardent sur leur manche les taches défraîchies des couleurs qu’ils ont étalées jadis…
La route de Rulle
Une après-midi où quelques copains et moi étions là, sur la place de l’église, occupés à descendre sur nos vélos les marches près de la pompe, un automobiliste s’arrêta au niveau de la boulangerie Camus, et nous demanda la route de Rulle. J’essayais de la lui indiquer, mais à sa manière de me faire répéter tel ou tel point, je voyais bien qu’il ne comprenait pas mes explications.
Je lui proposai alors de le conduire jusqu’à l’embranchement, plus loin que « chez Bigart »! Et nous voilà parti, moi devant, lui derrière, jusqu’à l’intersection de route de Rulle, à cinq cents mètres de là. Une fois arrivé, le lui dis de suivre la route tout droit devant lui, sur deux kilomètres à peu près. Il me remercia et me tendit une pièce de cent francs. «Tiens, c’est pour toi, encore merci». Je pris la pièce, le remerciai et le regardai s’éloigner, encore incrédule. Un pourboire ! Cent francs (environ 16 centimes
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