FAMILLE  GOUBIN - POULAT                                                             
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MA VIE À SIGOGNE - 62
plus loin que « chez Bigart ». Et nous voilà parti, moi devant, lui derrière, jusqu’à l’intersection de route de Rulle, à cinq cents mètres de là. Une fois arrivé, le lui dis de suivre la route tout droit devant lui, sur deux kilomètres à peu près. Il me remercia et me tendit une pièce de cent francs. «Tiens, c’est pour toi, encore merci». Je pris la pièce, le remerciai et le regardai s’éloigner, encore incrédule. Un pourboire ! Cent francs (environ 16 centimes d’euro) ! Une fortune…
Par la suite, j’eus beau guetter l’apparition de nouveaux automobilistes en difficulté dans le bourg, il n’y en eut plus jamais!
Mézian
De son vrai nom Meunier, il n’est jamais autrement nommé que Mézian dans le village.  
La photo l’immortalise ici en train de découper le cochon qu’il vient de tuer, que papa a acheté au marché noir chez des clients de confiance, en juillet 1942… Sur la photo on reconnaît également Georges, maman (dieu qu’elle est jeune…) et Éliane. Sur la gauche on devine quelqu’un qui tient un bol, il s’agit vraisemblablement de Madame Delabrunie .








Dépressif, Mézian se pendit un jour, avec succès ou pas, je ne me souviens plus. En revanche je me souviens bien de l’anecdote qu’on racontait ensuite au village. Aux voisins venus aider à le dépendre, sa femme leur cria de ne point couper la corde, car elle était neuve ! (Ce qui donne quelque chose comme «allant pas couper ct’e cord’ toud‘mêême, o létant toutt‘ neu»)

Sous le bureau, l’écurie

En dehors du bâtiment extérieur spécifiquement dénommé «l’écurie», il y eut une époque où des chevaux vivaient dans le bâtiment principal, très exactement là où papa installa à son arrivée les bureaux de l’étude! C’est à l’occasion du remplacement du plancher existant que l’on fit cette découverte. En effet, le vieux plancher arraché laissa apparaître un sol fait de tout petits pavés blancs, usés à certains endroits comme aurait pu le faire le piétinement de chevaux et le roulement d’une charrette.Le père Fromentin, menuisier «officiel» de la maison, en charge de la mise en place du nouveau parquet fut formel : il s’agissait du sol d’une ancienne écurie… L’explication la plus plausible retenue fut que cette écurie devait faire partie d’un ancien bâtiment, préexistant à la maison (qui devait dater du milieu du XIX° siècle).
Une anecdote pour clore ce paragraphe consacré au remplacement du plancher. Avant que le menuisier ne pose la dernière latte de chêne, papa alla chercher une petite bouteille de Synthol vide, écrivit sur un papier la date du jour, et le nom des présents (il y avait là papa, le Père Fromentin et moi, si impressionné par le cérémonial que j’en ai gardé depuis l’image précise dans un coin de ma tête). Le message glissé dans le flacon, le bouchon à vis fermé et cacheté à la cire, la bouteille fut délicatement déposée sur les petits pavés, et le père Fromentin fixa la dernière latte du plancher, enfermant pour toujours ce petit clin d’œil adressé aux générations futures.
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