FAMILLE  GOUBIN - POULAT                                                             
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MA VIE À SIGOGNE - 66
fois que j’allais à Jarnac me faire soigner les dents, ce qui arrivait assez souvent, Madame Carreau m’accueillait invariablement ainsi: « Tiens, mon p’tit Michel, tu viens pour ta dent en or?»
La succession de Madame Chéneby
À la mort de Madame Chéneby, il y a trois héritiers mentionnés dans le testament: une vague nièce d’Hiersac du côté de son défunt mari, Madame Delage, et papa.
D’un commun accord les trois héritiers conviennent de se retrouver à la maison, afin de procéder à un partage amiable. D’emblée, prétextant reculer devant les frais de succession, la nièce déclare renoncer à tout, pourvu qu’on lui permette d’emporter quelques souvenirs de sa «chère tante». Le terme paraît pour le moins inapproprié aux deux autres  puisque la dite nièce, si l’on excepte les deux ou trois visites qu’elle a effectuées dans la maison de retraite dans les derniers quinze jours de la vie de sa tante, ne s’est  jamais occupée d’elle, ni même n’a pris de ses nouvelles.
Papa rédige  donc les papiers de renoncement ad hoc, et à peine les a-t-elle signés qu’elle fonce dans la chambre du haut, fourrage dans l’armoire de Madame Chéneby, et redescend, portant maladroitement quelques draps brodés dont il est évident que le seul rôle est de masquer ce qu’il y a en dessous. Ni papa ni Madame Delage ne sont dupes… mais ni l’un ni l’autre n’ont envie de faire des histoires... Et la dame disparaît aussitôt… Papa reparlera souvent de l’épisode, persuadé qu’elle avait dû apprendre de la bouche de Madame Chéneby mourante l’emplacement  où elle cachait quelque chose de précieux, vraisemblablement des pièces d’or…
Les deux héritiers restants procèdent alors au partage des objets, ce qui ne pose aucun problème.
Restent donc  la maison et ses dépendances. Papa propose à Madame Delage de racheter sa part de la maison et du verger situé derrière le jardin. Elle accepte contre une somme assez modeste, (à l’époque le bâti ancien ne valait vraiment rien)  Tout
se fait très rapidement et simplement, et voilà papa à nouveau propriétaire à Sigogne.
Reprenant le jour même la route pour la Bretagne d’où il était venu pour la circonstance, il bourre sa «GS Break» de ce qui paraissait le plus précieux, en particulier le secrétaire Restauration et le
tableau de Weil devant lesquels j’étais en extase quand j’étais petit et qui seront ma part d’héritage (je suis en Algérie à cette époque).
Il emporte aussi les divers tableaux et objets plus ou moins précieux qui doivent revenir à Éliane.
Quelle idée magnifique il a eue de déménager ainsi tous ces objets, car la nuit suivante, la maison fut cambriolée, et plus de la moitié de ce qui revenait à Madame Delage s’évanouit dans la campagne charentaise.
Et jamais rien de ce butin ne fut retrouvé depuis…
Les métiers
Dans les campagnes de France des années cinquante, il est un mot que personne n’emploie, c’est le mot chômage…  
En Charente, la culture de la vigne en particulier nécessite beaucoup de bras, et donne du travail à de nombreux corps de métiers…
En dehors du domaine agricole à proprement parler (propriétaire, métayers, journaliers), on trouve ainsi à Sigogne dans les années cinquante:
Des artisans
- Charron/ Tonnelier : Pasquet
- Cimentier/maçon : Peix, Moreau, Laurent,  Sauvêtre
- Bourrelier : Brisson, Boisnier
- Menuisier/ charpentier : Fromentin, David
- Forgeron : Peytour
- Maréchal ferrant : Grenet/ Peytour
- Boulangers : Rémy Chollet, Camus
- Coiffeur : Bidoche (Jean Delabrunie) et Bidochette (fille Morellet)
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