FAMILLE  GOUBIN - POULAT                                                             
PAGES PRIVÉES   
MA VIE À SIGOGNE - 67
Des commerces
- Mercerie : Tessier (également buraliste), Melle ?  (au Temple)
- Marchand de Bicyclettes (+ essence) : Casse
- Epicerie : Raymond (Roger, puis Jeanine), Baussand, Marteau (Coop)
- Chaussures : Raymond
- Café : Parmentier, puis Baussand, puis Cloché
- Garagistes : Morin (+essence), Doucet (gendre de Peytour)

Le médecin est le docteur Henri Paintaud, remplacé quand il prendra sa retraite (vers1954 /55), par Rémy Jean…
Sigogne n’aura de pharmacie qu’à la fin des années cinquante.
Les veillées les soirs d’été
Autant les hivers peuvent êtres glacials à Sigogne, autant les mois d’été sont étouffants. En juillet et août, pour éviter que l’air chaud ne pénètre dans les maisons, tout le monde prend soin de fermer les volets pendant la journée, ou tout au moins les mettre en tuile.
Alors, quand le soir tombe, et qu’un peu d’air frais circule et vient remplacer les températures torrides de l’après-midi, les gens se regroupent spontanément entre voisins à l’extérieur de leur maison. Dans notre petit quartier, c’est vers la porte de "la Mère Fages" que cela se passe. Les plus jeunes restent debout, les plus âgés traînent  jusque-là une chaise pour être "benèze". Et pendant une heure ou deux, les discussions à voix basse vont bon train. On commente les faits du jour, la météo, on donne du crédit, ou pas, aux rumeurs. On parle bien sûr des morts récents, ou des mourants. On peut entendre le compte rendu des parties de chasse, on évalue les récoltes… Dans les marronniers de la petite place, ce sont les "sourdons" qui font entendre leurs petits appels discrets.
(écouter…)
Il n’y a pas encore d’éclairage public à Sigogne, alors les nuits sans lune, les seules lueurs qu’on aperçoit sont celles des cigarettes. Parfois une ombre passe à bicyclette. C’est  le fils Labeur qui rentre chez lui, à La Bourgade. Pour l’enfant que je suis, ces soirées ont un côté féerique. Tous les enfants sont là, attentifs au propos des parents, ou se racontant leurs propres histoires. Il n’y a jamais de cris, jamais de disputes, et même quand nous improvisons un jeu, c’est dans un quasi  silence qu’il se déroule.
Et puis d’un coup l’un des participants souhaite la bonne nuit aux autres,
et disparaît dans la nuit, puis un deuxième, un troisième l’imitent, et bientôt le silence retombe sur ce petit bout de terre, chacun ayant regagné son logis. Il est tard, et il faut maintenant songer à récupérer des fatigues du jour…
La vie était belle et simple. Pour ceux qui l’ont connue, pas une émission de télé, pas une page Internet, pas un mur Facebook ne pourra jamais rivaliser avec  ces soirées…
L’arrivée de l’eau courante…
Je n’ai évidemment pas connu l’arrivée de la "fée électricité" dans les chaumières, mais j’imagine que l’arrivée de l’eau courante sur l’évier lui fut comparable…
J’ai du mal à situer précisément l’année où le miracle s’est accompli,  vers 1955 il me semble.
Après quelques mois de travaux de voierie qui chamboulèrent pas mal l’aspect habituel de notre rue ainsi que de la petite place, il arriva le jour où, d’un geste solennel, mon père tourna le robinet en bronze au-dessus de l’évier de la cuisine, et libéra un flot majestueux d’une eau quelque peu brouillée au début, mais qui s’éclaircit rapidement. Tout le temps où nous vécûmes dans cette grande maison, nous ne disposâmes que de ce robinet., mais il révolutionna nos habitudes. C’en était fini de la corvée des seaux d’eau
(*1) à aller chercher au puits puis à ramener à la cuisine…
Un cimetière oublié ?
Quand l’engin de terrassement fit des tranchées pour installer les grosses canalisations, il remonta quantité d’ossements. Le lieu où ils étaient les plus nombreux était dans la portion de tranchée qui allait de la maison Delabrunie, à celle de la famille Etourneaud
Cette découverte nous intrigua beaucoup, et pendant les quelques jours que durèrent les travaux avant que les saignées ne soient rebouchées, nous en découvrîmes des dizaines dans les talus de déblais, avec lesquels nous jouions sans plus d’embarras que ça.. Je me souviens que Monsieur Pouchat, à qui  mon père avait fait part de notre découverte nous dit qu’il devait y avoir là un cimetière mérovingien.


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