Grâce à l’action des représentants Suisses du CICR qui visitent le camp de Grodno en 1916, mon grand-père, dont l’état de santé est particulièrement dégradé, est retenu pour profiter d’un transfert d’internement vers la Suisse.
Ces transferts ont généralement lieu dans le cadre d’un échange entre l’Allemagne et les Alliés de prisonniers malades ou blessés. C’est ainsi qu’entre 1916 et l’armistice de novembre 1918, ce sont plus de 60.000 prisonniers de toutes nationalités, qui ont été accueillis par la Suisse, les frais de leur hébergement incombant à leur pays d’origine.
Tous ces captifs sont des « Prisonniers sur parole », et s’ils jouissent le plus souvent sur place d’une assez grande liberté d’aller et venir, ils s'engagent en contrepartie à suivre un certain nombre de règles, car ces soldats sont toujours considérés comme prisonniers de guerre. Il leur est par exemple interdit de s’évader pour rejoindre leur patrie, ce qui doit être bien tentant, et facile pour les prisonniers Français.
Au sortir du camp de Grodno, mon grand-père fut dirigé vers Zerbst d’abord, puis vers Constance où il passa devant des commissions médicales, et c’est le 23 juillet 1917 qu’il arriva à Bex, à une vingtaine de kilomètres au sud de Montreux. Là il fut logé avec d’autres prisonniers dans un hôtel de la station. (178 prisonniers Français sont hébergés à Bex en décembre 1917).
Il y a fort à parier qu’en comparaison de Grodno, sa nouvelle captivité dut paraître bien douce, et s’il lui était impossible de rejoindre la France et de rentrer chez lui, il put recevoir la visite de ma grand-mère qui fit deux fois le voyage depuis la Bretagne (pendant les mois d’été 1917 et à Pâques 1918). À l’occasion du premier voyage, ils envoyèrent deux cartes postales à leur fils Gabriel (papa), qui valent leur pesant d’or!
La captivité de mon grand-père en Suisse prit fin le 11 juillet 1918, date à laquelle il fut renvoyé vers son cantonnement d’origine à Brest.
J’ai trouvé bon nombre de renseignements sur les prisonniers en Suisse dans les pages
du site:
http://hopitauxmilitairesguerre1418.overblog.com/2014/01/la-suisse-et-l-internement-des-prisonniers-de-guerre-allies-malades-et-blesses-1914-1918.html
Photos prises pendant le séjour de mon grand-père dans la région de Montreux, de
1917, à juillet 1918.
Cartes postales allégoriques à la gloire du peuple Suisse accueillant les malades et blessés Français.