FAMILLE  GOUBIN - POULAT                                                             
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                                 ANECDOTES
- 004 -
[Michel raconte]… Je me souviens que tout petit, ma grand-mère me tricotait  des « tricots de peau » en laine écrue. Il ne fallait y voir je pense aucune pulsion sadique à m’obliger à les porter. Cela devait partir au contraire d’un bon sentiment : nous étions au sortir de la deuxième guerre mondiale, le souvenir du manque de matières premières vitales et des privations qui s’en suivirent était encore vif, et cela devait être conforme  à l’idée qu’elle devait se faire de « l’économie ménagère » telle qu’elle avait dû l’enseigner auprès des petites filles qu’elle avait éduquées pendant plusieurs décennies.Mais c’était un supplice d’avoir ça à même la peau. La haire et le cilice de Tartuffe? De la gnognotte, de la roupie de sansonnet comparées aux maillots de corps tricotés par Grand-Mère.
Ils grattaient à rendre fou!
Il me semble me souvenir que l’on a  été assez vite sensible à ma souffrance, mais il fallait ménager l’incommensurable susceptibilité de la tricoteuse, et j’ai dû porter plusieurs fois ces monstruosités. Un jour enfin quelqu’un jugea que cela avait assez duré, et les tricots furent définitivement remisés dans une quelconque malle du grenier. Mais, soixante ans plus tard, ma peau en garde le souvenir cuisant!

 Des papiers, des boites à chaussures, de la vaisselle, des journaux, tout cela empilés ça et là dans la salle, tandis que la véranda, qui servait d'atelier à Kraemer, débordait d'outils.
Loin de nous accueillir avec son exubérance et sa gouaille habituelles (elle aurait été parfaite dans le rôle de Raymonde dans "Hôtel du Nord"), tante Eveline semblait lasse, éteinte, vide. Elle était contente de nous voir, bien sûr, mais ne le manifestait pas aussi bruyamment que d'habitude. Dans un coin de la pièce, du côté de la véranda, assis dans un grand fauteuil déglingué, Kraemer ne disait rien, nous avait à peine salué.
 

Nous tombions plutôt mal. De toute évidence ces deux-là venaient d'avoir une dispute et se faisaient la gueule.
Pour le coup, atmosphère, atmosphère, nous étions dans une drôle d'atmosphère!
- 005 -
[Michel raconte]… Je me souviens que j'avais accompagné papa chez tante Eveline, rue Jean Jaurès à Quimper. Je devais avoir quinze ou seize ans. On entrait dans l’appartement du rez-de-chaussée par ce qui avait été la boutique, totalement vide depuis qu'elle avait cessé de tenir son épicerie. Puis c'était une pièce beaucoup plus grande, servant tout à la fois de salle à manger et de cuisine, éclairée par de larges ouvertures qui donnaient sur une véranda, elle-même accédant à une cour.
Je me souviens d'un ameublement hétéroclite, et de beaucoup de désordre.
Anecdotes
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